Les projections de population
En novembre 2022, l’Insee a publié une étude sur l’espérance de vie par génération qui indique que les filles nées en 2022 vivraient en moyenne 93 ans et les garçons 90 ans, soit en moyenne 37 ans et 42 ans de plus que les générations nées en 1900. Ces calculs s’appuient sur le scénario central des projections de population pour la période 2021-2070 diffusées en novembre 2021, qui montrent que la France compterait 68,1 millions d’habitants en 2070, soit 700 000 de plus qu’en 2021. Les projections de population régionales et départementales à l’horizon 2070 publiées en novembre 2022 précisent et complètent les hypothèses retenues dans l’exercice national. Les départements qui présentent de fortes spécificités ont ainsi pu faire l’objet de scénarios plus adaptés à des considérations locales.
Les projections indiquent que la population vieillirait sensiblement sur tous les territoires. Ces données sont cruciales pour anticiper au niveau local les besoins en offre de soin et de formation, d’adaptation des logements ou des espaces publics, ou encore les politiques de mobilité. Lors des Assises de l’autonomie organisées en avril 2022 par le Département de l’Eure, l’Insee Normandie a été sollicité pour présenter les conditions de vie des seniors du territoire et plus généralement les perspectives d’évolution démographique de cette population à l’horizon 2050.
Les projections de population permettent aussi à l’Insee de réaliser, tous les 5 ans, des projections de population active. Ces dernières sont essentielles pour anticiper le dynamisme du marché du travail, les besoins de ressources en main-d’œuvre et la croissance potentielle à moyen et long terme. Elles sont également utilisées pour l’étude de l’équilibre des différents régimes de retraite et la conception de politiques économiques.
Il ressort des nouvelles projections de population active que le nombre d’actifs continuerait de croître jusqu’à 30,5 millions en 2040, mais plus modérément que lors des deux précédentes décennies ; puis la tendance s’inverserait puisqu’il diminuerait pour atteindre 29,2 millions en 2070.
REGARD EXTÉRIEUR
MARIE-CHARLOTTE DEVAIN CHEFFE DE PROJET DONNÉES - HABITAT - SOCIÉTÉ À L’AGENCE D’URBANISME D’AGGLOMÉRATIONS DE MOSELLE (AGURAM)
Quelle est la mission principale de l’Aguram ?
L’Aguram est un organisme d’étude et d’ingénierie sur l’aménagement et le développement territorial. Son statut est associatif. Elle accompagne depuis près de 50 ans la métropole messine et les agglomérations de Moselle dans leurs projets d’aménagement et de développement, par le biais notamment de diagnostics et de projections, sur des sujets de mobilité, de planification, d’habitat, d’économie, d’environnement et de santé. Elle contribue également à la connaissance des enjeux transfrontaliers, qui sont prépondérants sur nos territoires.
Quels usages faites-vous des projections de populations locales fournies par l’Insee ?
Sur le territoire de l’Eurométropole de Metz, nous avons travaillé plus particulièrement sur les seniors et les étudiants. Les projections de population ont montré des fortes augmentations de population chez les 75 ans et plus. Ce n’est pas une surprise mais avoir des éléments plus précis et chiffrés à l’échelle de son territoire permet de concrétiser le phénomène, et d’imaginer des solutions pour demain. La population plus jeune est quant à elle amenée à se stabiliser puis décroître, ce qui interroge sur les effectifs étudiants à venir.
Bien sûr, les projections ne sont pas tout : les seniors de demain ne sont pas ceux d’aujourd’hui ; idem pour les étudiants, nous ne connaissons pas la part de bacheliers qui feront des études supérieures dans 20 ans, ni l’évolution de l’offre de formation, etc. Néanmoins, réaliser dès aujourd’hui les changements profonds de notre structure démographique, ainsi que ses effets très concrets sur les besoins générés en matière d’économie, de logement, de mobilité, est un puissant moteur d’aide à la décision pour les élus.